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NEWS

AVRIL 2024

MnopTour 2024: Tour de manivelle sur le Bayou. 

 

« Une impression étrange dans une époque étrange : Un temps qui se détache et s’effiloche, un temps de péremptoire et d’immédiateté numérique où l’épure sonore n’est plus... Coincé entre les osselets marteau et enclume, le son a parfois du mal à faire le trajet de l’oreille moyenne vers l’oreille interne… Devant cette disposition anatomique empêchée, on se prend à trouver quelque vertu au dernier osselet de la bande. L’étrier, transmetteur sonore ultime et relaxateur inégalable de tympan, a beau être le plus petit et le plus léger des os de l’humain, il n’en remplit pas moins un indispensable rôle de transmission dans la progression de l’ouïe. 

 

Depuis 24 ans, Mnop essaie de propager le flux sonore à la manière d’un petit étrier qui essaierait d’éviter les coups de marteau sur l’enclume. Le rythme, l’éclat, la résonance et l’inflexion des musiques de la Nouvelle-Orléans parlent en nous. Leurs liens avec le blues du Mississippi, le zydeco louisianais, le twist malien ou le rock haïtien trouvent dans les practices des indiens de Mardi Gras ou dans le feeling du jazz local une proximité quasi familiale. 

Pendant tout le mois de juillet, l’onde sonore guidera la programmation dans un trajet tout aussi sinueux qu’une départementale périgourdine. 

 

À Lamoura, le griot Boubacar Traoré répondra au créole haïtien de Moonlight Benjamin ou aux incantations des Hard Head Hunters. Les Tikis activeront la Northen Soul avec un sens du décalage déjà noté la veille lors de la première de Mnop le Groove à la gare de Niversac. 

 

Les coups de blues balancés par Little George Sueref, Muddy Gurdy, Tiger Rose, Lucky Pepper, Crystal Thomas et Little Limmie trouveront de l’écho dans le violon de Tcha Limberger, la trompette de Jerome Etcheberry, la clarinette de Denis Girault ou les voix d’Angie Wells et de Perry Gordon. 

 

Pour finir, les soufflets des accordéons s’étireront et se rétracteront au gré des passages du Louisiana Bound, du Flyin’Saucers Orkestra ou des Barcelo Brothers. 

 

La boucle sera ainsi bouclée et le bayou du Mnoptour 2024 définitivement bien gardé…Qu’on se le dise… »

 

Stéphane Colin

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Une chronique de Stéphane Colin concernant l’exposition Black Indians au Quai Branly à
retrouver également dans ABS Magazine :


« Occasion ratée ? Pas sûr… 
Initialement, l’exposition des Mardi Gras Indians du musée du Quai Branly semblait une belle
opportunité pour mettre en lumière une culture atypique dont les liens avec les racines de la
musique de la Nouvelle-Orléans ont nourri une grande partie de l’histoire de la ville. Le fait de
replacer cette pratique plus que centenaire dans un contexte historique et culturel faisait
forcément sens. Une démarche logique qui se heurte ici à une problématique inattendue.
Parler de l’esclavage, des amérindiens ou de la position particulière de la cité du croissant est
certes un plus indispensable. En faire le sujet dominant, en ne laissant qu’une grande salle
terminale pour la mise en lumière -pour le coup magnifique -des costumes de Black Indians,
interroge. Pour tout dire, on se serait passé d’une grande partie de cette recontextualisation
protubérante. La fête carnavalesque s’en trouve en partie gâchée, désamorcée, vidée de sa
substance créatrice. L’introduction du sujet semble prendre le pas sur son développement. On
est fort disert sur les à-côtés, mais on évite de rentrer dans le cœur d’une thématique qui
devient dès lors quasi marginalisée dans son propre espace. Un paradoxe d’autant plus
troublant que le matériel « explicatif » d’accompagnement est présenté sans réel fil
conducteur, en laissant en suspens le lien avec le sujet initial.
Ainsi, il aurait été intéressant de creuser le parallèle entre les costumes et pratiques des
Eguns béninois et ceux des Mardi Gras Indians Neo-Orléanais en s’appuyant en profondeur
sur le travail d’Helene et Jean-Jacques Ducos (cf le livre la danse des Eguns 2007 / Kubik).
S’il y quelques photos -en petit format- de Charles Freger, elles sont présentées de façon
trop marginale pour amener le supplément explicatif espéré : « La mascarade est un
territoire de mise en regard d’une communauté par une autre, espace où l’on rejoue le
rapport à l’oppresseur soit pour le mimer, soit pour l’inverser, toujours pour le subvertir. »
En quelques mots, dans son livre « Cimarron », préfacé par le poète écrivain Ismaël Reed,
Charles Fréger nous éclaire d’une façon plus immédiate et plus claire sur les pratiques
carnavalesques du monde Marron américano-caribéen. Une mise en perspective qu’on
retrouve dans l’exposition au niveau du groupe des costumes du skull and bone gang
remarquablement agencé par Sunpie Barnes qui figure parmi les trop rares commissaires de
l’exposition issus du sérail. On reste ainsi un peu circonspect quant au faible lien et à l’usage
pour le moins restreint fait de la musique dans cette exposition. Oublier ainsi d’inclure les 79
Ers Gang
dans la compilation Spotify du musée du Quai Branly créée spécialement pour
l’événement à quelque chose d’étonnant. Présents à un concert organisé en marge de
l’exposition, groupe novateur incluant des éléments de Bounce dans la musique
traditionnelle, figure de proue du beau projet franco American Nola si Calling ( Jaring Effects
2019) méritaient une petite place sur cette playlist qui en 2h12 réussi l’exploit de ne faire
figurer que 4 morceaux de Mardi Gras Indians!
Commencer avec Bourbon Street Parade de Louis Armstrong associé aux Duke Of Dixieland
est un choix introductif possible qui aurait pu être suivi par l’un des 4 morceaux de Mardi
Gras Indians joués et chantés par le guitariste-banjoiste Danny Barber. Ces titres des années
50 semblent être les premiers enregistrements de Chants « indiens » et n’aurait pas fait tache
ici. De même, la belle histoire du label français Barclay allant concocter en Louisiane le

premier LP consacré à une tribu de Mardi Gras Indians (Wild Magnolias 1973) est
étrangement absente du listing. Si la série Tremé est régulièrement citée tant dans le
parcours du musée que sur les documents annexes, il aurait été intéressant d’illustrer cette
référence par le biais du disque « Indian Blues » de Donald Harisson dont la genèse constitue
la trame même du scénario de David Simon et consorts. De même, il parait curieux de
programmer les Galactic, un des plus grands de funk de Nola, sans ajouter à cette liste
musicale les morceaux que ce groupe a partagé avec les Big Chief Monk Boudreaux et Juan
Pardo. 

On gardera malgré tout des images positives de cette exposition. La qualité des costumes et
leur mise en scène est particulièrement émouvante. Elles donnent corps et presque
mouvement à cette grande pièce qui devient dès lors un haut lieu de tradition à même de
transposer le Super Sunday ou la Saint Joseph en bord de Seine. Les plumes des Big Chief
Alfred Doucette et Fi Yi Yi flottent au-dessus de la Tour Eiffel pour célébrer un succès public
corroboré par la forte affluence aux concerts de Sunpie Barnes, de Cédric Watson, des 79 ers
Gang
et des Galactic. Ces derniers, amenés par le batteur Stanton Moore ont emporté
l’adhésion lors d’un concert Sold- Out et ce malgré le déficit de sono sur la voix d’Angelina
Joseph
, déficit heureusement rattrapé par la restitution de l’intégralité du concert sur le site
du musée. »


Stéphane Colin

Jazz Me Blue : MNOP 2022

 

« Mémoire d’organisateur, canicule et points de suspension.

Atur, 28 juillet 2022. Nuages épars et soleil tombant. Chaleur, mais pas trop, une accalmie de canicule… Sur scène, le morceau de Tuba Skinny égrené par les Crawfish Wallet à la dolance météorologique. La voix d’Amandine se fait tout aussi paresseuse que celle d’Erika Lewis. La chanteuse des Tuba Skinny était sur la même scène quelques années auparavant. Pas besoin de pousser les argumentaires à leur paroxysme pour trouver là une évidence de lien, un prolongement de fraternité musicale…

Tout au long du MNOP Tour 2022, on se sera ainsi senti en paix avec soi-même, loin des artifices et des succédanés. Les effets de style sont oubliés, l’évidence musicale du Crossover dépassant posture et factice : « les oreilles sont mes racines ». Une citation retrouvée par l’harmoniciste Vincent Bucher qui colle à ce Tour de juillet. Craig Klein, l’un des plus grands trombonistes néo-orléanais, pourra dès lors passer partout. De la fanfare funk de Brass Under Inffluence au blues profond de Crystal Thomas, du quintet de jazz moderne de Iep Arruti au trio de clarinettes amené par Guillaume Nouaux, du Zydeco des Flyin Saucers au bouquet final avec le trompettiste James Andrews… Une palette d’oreilles larges, puissantes, jamais rassasiées…

Du coup, on se prend à évoquer les Tiger Rose de début juillet : duo rare où le chant de l’un prolonge la phrase de l’autre. Il y a là comme un leitmotiv de raucité partagée. Les Doo The Doo, Benoit Blue Boy et Fabio Izquierdo apporteront leur obole sur les chemins de Queyssac, Valojoulx ou Bourrou…

Les Harlem Gospel Travelers nous auront attrapé un soir de musée périgourdin. Le public ressortira de la rencontre avec le trio vocal gentiment extatique ou carrément hagard. Une tornade de canicule pour souffler le street corner gospel sur la ville endormie…

Des racines comme s’il en pleuvait. Du Ghana à la Catalogne, les Sey Sisters font un détour par le grand gospel de Kirk Franklin… Des sœurs comme les doigts d’une main… Des musiciens qui arrivent de Londres in extremis en bus pour accompagner la Néo-Orléanaise Acantha Lang… Une étoile qui naît sur la scène de Lamoura… Acantha Light…

La confrontation avec les souvenirs se fait au gré de flèches créatrices. On tangue sur le fil du rasoir pour mieux frôler la chute. Un équilibre instable comme on aime. Un confort festivalier précaire tout aussi brinquebalant qu’un requiem joué sur piano désaccordé dans le fond d’un château périgourdin… À Escoire, justement, le jazz vocal peut se mêler à l’harmonica blues et au tap dance. Kevin Doublé est là, tout aussi présent que lors de cette première rencontre sur un balcon néo-orléanais de Royal Street.

Une boucle qui se boucle pour mieux se rattacher aux prémices des instants déclenchants, au flux des parcours de vie. Égrener l’histoire, y souffler dessus pour en effacer la poussière. L’ancien se raccorde au présent. Balayé de ses pesanteurs, il s’agrippe à ce lien ténu qui lui permet de tenir le cap pour mieux s’y référer…

On repense à celle qui nous a accompagnés pendant une huitaine. Début en fanfare et clôture en cuivres à Lamoura. Tout était déjà là pour l’habitante de Shevreport. Crystal Thomas ou l’histoire d’un talent naturel et habité. Une voix qui jamais ne force tout en allant au plus profond. Il y avait longtemps qu’on n’avait eu pareille impression. À l’heure des vocaux forcés, faussement éraillés, des faux clones d’Etta James et consorts, retrouver une telle force première immédiate et évidente fait du bien. La batterie de Pascal Delmas, la basse d’Antoine Escalier, la guitare de Mr Tchang, le clavier de Victor Puertas et la section de cuivres superlative (Iep Arruti, Craig Klein, Sylvain Terjizo) ont soutenu la jeune chanteuse avec une verve jamais démentie. »

Festival MNOP : Crystal Thomas, une diva américaine à la Guinguette de Marsac

JUILLET 2022

Crawfish Wallet – Cellos Project

« Ti Flamboyan

 

Le soir de la première du nouveau disque de MNOP 2022, on retrouve les Crawfish à Mensignac. On repense au parcours d’Amandine, la chanteuse, à ce premier groupe Nu Soul tout aussi passionnant ; Polylogue From Syla avant les Crawfish. Un apprentissage à rebours.

Nu Soul avant Nola Street Jazz. Erikah Baduh en prémices à Billie Holiday et Lizzie Miles

 

Rajouter trois violoncelles au quatuor originel, la gageure est belle. Mensignac brille de mille feux. Le son caribéen de Ti Flamboyan renvoi à la belle balade de Tom Waits, « I Wish I Was in New Orleans ». « Strange Fruit » de Lady Day parait tout aussi prenant que lorsque c’est Betty Lavette ou Muddy Gurdy qui l’interprètent. On réécoutera souvent ce disque superlatif.

Inconsciemment, on y rajoutera le sunset de Mensignac et ses bougainvillées de fond de scène. La plaine y sera tout aussi apaisée que l’instant suspendu. Le trombone de Gaétan, la contrabsse de Fred, le banjo de Jean-Michel et les trois violoncelles faisant sonner le songbook de Duke comme un big band, prolongeront la grâce.

 

Juillet reviendra, assurément ! »

 

Stéphane Colin – ABS MAgazine

 

Crédits Photos : Marcel Bénédit, Stéphane Colin

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En attendant l'édition 2022

voici un résumé de la superbe edition 2021 !!

Nouvel article dans Sud-Ouest !

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L'INTERVIEW DU PRESIDENT  SUR 

"Radios libres en perigord"

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